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Je me suis donc inscrit peu de temps avant l’événement. Mes ennuis de rayons qui cassent sur ma roue ne m’ont jamais vraiment quitté. Ma nouvelle roue avec moyeu dynamo ne sera pas arrivée pour la course… Tant pis. On verra bien.

La semaine qui précède n’est pas franchement reposante, je n’arrive pas à faire des nuits de 8 heures et je dois me contenter comme d’habitude de 6h30 - 7h. J’arrive à préparer le nécessaire habituel pour les longues distances : la nourriture, le sachet de poudre énergétique, les sandwiches jambon – fromage au dernier moment et les vêtements pour les différentes températures : en essayant de ne pas trop m’alourdir.

Le départ à 05h de Rennes me fera lever à 2h30 pour avaler quelques pâtes et prendre la route à 3h00. Il faudra que je prenne mon carnet de route au gymnase avant de gagner l’aire de lancement. Cette nuit-là, j’arrive à faire tout de même 3 cycles de sommeil correct : 4h30 à bien dormir. C’est déjà une bonne chose mais la nuit suivante sera difficile.

La route vers Rennes est bien dégagée et je trouve mon chemin vers le gymnase sans trop de souci… Les parkings sont déjà pleins de voitures de cyclistes et j’ai bien eu du mal à trouver une place. En descendant de ma voiture pour sortir le vélo, je me rends compte encore une fois que je vais être un des plus jeunes du brevet, voire le plus jeune : la moyenne d’âge avoisine les 50-60 ans : des habitués de la longue distance. Pour beaucoup, ceux qui viennent ici aujourd’hui ont soit déjà fait le Paris-Brest-Paris, soit ont l’intention de le faire en 2011 et viennent reconnaître la partie réputée la plus dure du tracé. Ce ne sont pas 600 km qui nous font peur. Pour la plupart d’entre nous, ce n’est pas la distance qui effraie, mais la lutte contre le sommeil et les dures côtes du nord de Loudéac…

Une fois le vélo sorti du coffre, je vais vers le gymnase en traînant le vélo par la main. Je vois à 10 mètres devant moi un gars avec son vélo couché… Je m’approche et je reconnais la monture : le Zockra carbone fabriqué par Malric Leborgne et je reconnais Hervé le Du. Je lui adresse un bonjour et une poignée de main enthousiaste :

-   Hervé Le Du ? Bonjour, moi c’est Bertrand, « Bertrand79 » sur le forum…

-   Oui, bonjour !!

Il regarde mon vélo et moi le sien… Quel bel engin, tout dépouillé, une tout petite sacoche. Il voyage léger et se fait assister par sa femme. Je regarde sa mousse de siège et la trouve très dense et peu respirante…

-   Ben dites-donc, vous devez transpirer avec ça !?!

En observant la mienne qui est bien plus aérée, il me dit :

-      Oui, je transpire énormément, mais comme j’ai mal dans le bas du dos, il me faut quelque chose d’épais… Mais la tienne a l’air pas mal.

Puis quelqu’un d’autre est venu lui parler. Son objectif est de boucler les 600 km en 20 heures… Pfiouuu… Moi, 10 heures de plus ça m’irait bien...

 

001-Jean-Lou

 

Je continue vers le gymnase où d’autres vélos couchés sont déjà là : le bien connu Jean-Lou avec ses vélos qu’il se fabrique lui-même à partir de vieux cadres aciers : le dernier en date est une Traction Directe (TD) : le pédalier, toujours devant, entraîne la roue avant… Ces vélos sont très efficaces puisque moins de longueur de chaîne et pas de passage dans des roulettes de renvoi ou dans des tubes… Comme c’est un cadre en acier, il est proche des 15 kilos… loin des cadres en carbone des vélos droits, moitié moins lourds. Ca ne l’empêchera pas de faire tout l’aller jusqu’à Brest avec les premiers en compagnie d’Hervé Le Du.  Je parle brièvement à Jean-Lou, alors qu’il pose son vélo sur sa pédale qui lui sert de béquille (un avantage des TD : en les « cassant en deux », manivelle en bas, on peut faire reposer le vélo sur la pédale qui touche le sol). Jean-Lou avouait sur le forum un objectif à 24 km/h pour le brevet.

Je revois les copains du W-E de fin mars et fait la connaissance d’autres vélocouchistes. La moyenne d’âge me semble d’un coup rajeunir : l’un d’eux, Sébastien le Normand a 33 ans, Didier alias « Normandie Bents », également Normand a 37 ans : lui est venu de Rouen la veille en vélo avec un peu de bagages (400 km de plus juste avant d’attaquer les 600). Il y a aussi Laurent « Carenca », Alex les Grenoblois qui doivent avoir dans les 38 ans. Le doyen de notre futur groupe, Marcel, des environs de Grenoble aussi, qui doit friser les 50 ans…

Je prends mon carnet de route auprès des organisateurs… On doit faire tamponner notre carnet dans certaines localités pour approuver notre passage. On nous donne aussi une carte à poster pour la nuit, au cas où aucun commerce n’est ouvert. Comme il n’y a pas de fléchage, on nous donne le parcours avec toutes les communes et toutes les départementales à emprunter. Je l’avais déjà chipé sur Internet, sans vraiment le regarder avant. J’ai ma carte de Bretagne au cas où. Je n’ai pas spécialement préparé l’itinéraire en espérant qu’il y ait du monde à l’avoir fait… Au pire, si je me retrouve tout seul, j’ai le parcours et ma carte, je ne vais pas me perdre.

 

Les vélos s’acheminent doucement vers l’aire de départ. Je me place dans les derniers pour ne gêner personne. Je reconnais quelques visages, des gars avec qui j’avais fait les brevets qualificatifs pour le PBP 2007… D’après ce que j’entends, on serait environ 250 participants… (loin des 5000 du PBP)

Pas d’appréhension particulière, juste la peur de casser d’autres rayons sur ma roue avant et de ne pas pouvoir terminer à cause de ça… J’en ai juste un de rechange au cas où. Je vais essayer de rouler avec les autres vélos couchés, ceux qui semblent être de mon niveau. Ce serait cool de pouvoir faire un petit groupe. Mais pas question d’aller taquiner Hervé le Du ou Jean-Lou. Le temps annoncé à la météo semble correct mais pas très chaud, peut-être pas mal de vent dans la journée de dimanche.

 

 

Le départ est donné à 5H. Une voiture ouvre la route pour nous faire sortir de Rennes. On traverse la ville sous quelques applaudissements et moqueries de jeunes qui sortent de boîtes. On les entend crier sans bien comprendre à ce qu’ils disent. En fait, ça ressemble plus à des mugissements teintés d’haleine alcoolisée… Etant parti dans les derniers, je cherche maintenant à regagner les groupes devant et retrouver les autres vélos couchés. Pas facile avec ces feux rouges et ces dangereux îlots directionnels… Je roule facilement à 35-40 km/h en dépassant (avec une joie non dissimulée) les paquets de vélos droits. J’arrive enfin à hauteur d’autres vélos couchés : Sébastien, Laurent, Marcel, Alex… Plus loin, Didier est arrêté pour nous prendre en photo ou filmer… Il nous rejoindra plus tard. Il y a là aussi « D’artagnan78 » le moustachu, dont on ne demandera le prénom qu’une fois attablé à Brest : Gilles…

Les pelotons sont encore assez compacts et imposants : on reste dans les roues des vélos droits, bien abrités… On en rigole ensemble : « Qu’est-ce qu’on est bien à l’abri comme ça !! ». 20 kilomètres après le départ, je suis déjà obligé de les quitter pour satisfaire à une pause pipi… Ca va me permettre de me payer une grosse partie de manivelles pour revenir sur eux…

Le premier contrôle de Tinténiac arrive 10 kilomètres plus loin et je les vois repartir alors que je n’ai pas encore tamponner mon carnet de route. Je perds encore un peu de temps en enlevant mes jambières et en me découvrant un peu. J’ai une minute à combler pour les rattraper. Je sais qu’on doit s’arrêter pour des crêpes sur le chemin… Un vélocouchiste du forum, Benoît alias « Breizh_oit », a une maison sur le parcours et il nous a dit qu’il nous attendrait à prendre le café… Il nous préparait des crêpes aussi =)))…

La montée vers Bécherel est un peu laborieuse : dans ces passages-là, je dois laisser filer les groupes de vélos droits : je ne peux pas lutter. Pas la peine de se fatiguer inutilement, je les dépasserai dans la descente après… La grande antenne de télécommunication sert de point de référence. On s’en approche, c’est bon signe.

Bécherel est enfin passé… J’atteinds assez facilement plus de 65 km/h dans la descente malgré les virages et le mauvais état de la route… Je prends un malin plaisir à doubler les vélos droits qui peinent contre le vent. Et j’ai enfin les vélos couchés en point de mire. Je les vois s’arrêter plus loin. C’est la maison de « Breizh_oit » !! Il a disposé un vélo couché monté sur home-trainer pour signaler sa présence. Pas difficile à reconnaître. Le moment de la pause est venue. Il est environ 06h45. Le soleil est déjà bien levé et sa douce chaleur est bienvenue.

Moi, je profite de l’arrêt pour demander un peu les prénoms, je ne les connais que de pseudo sur le forum. L’ambiance est sympa et on rigole déjà bien.

 

002-arrêt chez breizh-oit

Dans l’ordre de gauche à droite : Marcel, moi (maillot blanc et bleu), Gilles, Laurent, Sébastien, Didier - Chez Breizh_oit, la pause crêpe.

 

 

Le dernier à droite, casque vert : ALex

003-arrêt chez breizh-oit

 

Didier s’enfile un petit verre de Calva pour faire passer les crêpes : quelle santé il a !! Plus tard, en discutant sur le chemin, il m’avoue avoir un drôle de caractère…

Il m’impressionne. Malgré une vie de famille : une femme et des enfants, ancien légionnaire mais travaillant en tant que responsable de planning (ça aide), il part souvent faire de gros défis. Une semaine plus tôt, il s’était lancé dans un genre de triathlon, mais plus dur qu’un Ironman : 4 km de nage, 400 km de vélo et un marathon à suivre… et là il venait de Rouen en vélo pour faire le brevet… Chapeau !! Il m’a bien dit : « C’est vrai que je suis un peu spécial ! Mais ma femme était au courant quand on s’est mariés… » =))) « L’important, c’est d’éviter que les enfants souffrent du manque de leur père. » Donc il va rouler plusieurs fois dans la journée, avant de les emmener à l’école, après les avoir couchés… Mouais, pas facile quand même…

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